SURMONTER LES EFFETS DE LA SÉCHERESSE
La sécheresse du printemps a grevé les stocks fourragers. Des mesures peuvent être prises dès à présent pour pallier ses effets.
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SI LA PLUIE A ÉTÉ DE RETOUR EN JUIN, elle l'a été en quantités variables selon les secteurs. Cela n'empêchera pas les exploitations de subir dans l'année les conséquences de la sécheresse qui a sévi au printemps. Le contrôle laitier du Calvados estime la perte fourragère entre 1 t et 1,5 t de MS/ha de prairie : « Les exploitations inscrites à notre contrôle laitier ont, en moyenne, 60 ha de prairies, ce qui monte le déficit fourrager entre 60 et 90 t de MS par exploitation. Même si, au final, la récolte de maïs-ensilage s'avère de bon niveau, elle ne le comblera pas. Il faut trouver des solutions compensatoires. »
UNE CULTURE DÉROBÉE APRÈS DES CÉRÉALES
En juin, un certain nombre d'éleveurs n'ont pas hésité à ensiler leurs céréales pour constituer des stocks fourragers. De plus, la moisson s'annonçant plus précoce que les années passées, dans certaines zones, les champs de céréales seront libérés plus tôt que d'habitude. Comment valoriser ces parcelles dégagées ? L'implantation d'une culture en dérobée est une bonne solution.
-Ray-grass d'Italie : en l'absence de fortes chaleurs et avec des pluies régulières, l'implantation d'un RGI non-alternatif peut être envisagée pour une exploitation dès l'automne. S'il est destiné au pâturage des vaches, préférer un mélange 50 % diploïde - 50 % tétraploïde, pourquoi pas associé à un trèfle d'Alexandrie peu météorisant (dose de semences/ ha : 10 à 15 kg de RGI + 10 à 15 kg de trèfle d'Alexandrie). Le trèfle d'Alexandrie résiste mal à l'hiver. Un type diploïde est indispensable pour les RGI fauchés (15 à 20 kg/ha en pur, 10 à 15 kg/ha avec un trèfle d'Alexandrie ou incarnat).
-Moha : « Riche en fibres et plutôt encombrant, il est recommandé au pâturage pour les élèves et les vaches allaitantes », explique la chambre d'agriculture du Calvados. S'il est récolté, mieux vaut l'envisager en foin (conservation délicate en ensilage). Moins exigeante en eau que le RGI, la graminée estivale pousse rapidement. Pour un semis début juillet, la fauche est envisageable vers le 15 ou 20 septembre. Une fois coupé, il ne repart pas. Il peut être associé à un trèfle d'Alexandrie (25 kg/ha en pur, 13 kg/ha combiné à 12 kg/ha de trèfle d'Alexandrie).
-Colza ou chou fourrager : ces deux espèces fourragères peuvent être pâturées au fil ou distribuées « en vert » au stade feuillu. Elles offrent des valeurs alimentaires élevées, mais nécessitent des sols portants. La difficulté est d'estimer la quantité de matière sèche consommée par les vaches. « Sur deux à trois jours, on peut tester différentes avancées de fil pour satisfaire, par exemple, une demi-ration », conseille le contrôle laitier. Le colza produit 4 à 5 t de MS/ha. De pousse rapide, il peut être exploité 60 à 80 jours après le semis selon les variétés (8 à 10 kg de semences/ha). « Semé après le 15 juillet, le chou fourrager pousse moins rapidement et il est moins productif, mais plus souple à exploiter », précise-t-on à la chambre (4 kg/ha).
-Sorgho fourrager : il est adapté aux températures élevées. « S'il est pâturé, il faut attendre une hauteur de 70 cm, indique la chambre d'agriculture de l'Orne. Sinon, il peut être toxique pour les laitières. » Il est malgré tout plutôt destiné à l'ensilage. Dose conseillée au semis : 20 à 25 kg/ha.
AUTRES MESURES À ENVISAGER
-Trier les animaux : mieux vaut se séparer d'animaux plutôt que recourir à des achats de fourrages onéreux. Par exemple, vendre plus tôt que prévu des boeufs ou des jeunes, réformer les vaches à cellules…
-Veiller à une ration efficace dans les zones où la pluie est de retour. La bonne exploitation des prairies au pâturage économisera la distribution de fourrages complémentaires. La quantification des stocks fourragers permettra aussi d'établir une prévision de distribution journalière. Pour une gestion rigoureuse, l'idéal est de peser les apports et les refus. L'étalonnage des outils de pesée évitera d'éventuels écarts entre la prévision et ce qui est réellement distribué. « Même si cela demande du travail, pourquoi ne pas abaisser le silo s'il est trop haut en ajoutant, éventuellement, de l'acide propionique contre la reprise de fermentation, propose le contrôle laitier du Calvados. Cette mesure limitera les refus. »
-Acheter des coproduits : drèches de brasserie ou de blé, pommes de terre… sont autant de pistes à creuser. Fin juin, les fournisseurs affichaient un délai de 10 jours avant de satisfaire la demande pour certains produits. Pour septembre, si les éleveurs souhaitent en mélanger avec leur maïs-ensilage, mieux vaut commander 8 à 10 jours avant.
CLAIRE HUE
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